L’Eveil’artisan
L’Éveil’artisan naît troisième parmi les primordiaux du Tohou, après le l’Ordre des Astres et le Psychopompe. Son apparition est discrète, presque silencieuse, contrastant avec l’éclat flamboyant de ses aînés. Sa nature se définit par une fonction précise : stabiliser le tissu de l’espace-temps, fragilisé par l’activité intense des autres primordieux.
La Création, encore jeune et instable, subit les tensions contradictoires des primordieux. Ces actions provoquent distorsions, failles et fractures dans l’espace-temps. L’Éveil’artisan a pour rôle d’en assurer la cohésion. Son œuvre se déploie selon trois axes :
- Surveillance : el perçoit les oscillations, anomalies et fissures dans la trame cosmique.
- Réparation : el referme les brèches, lisse les nœuds, rétablit la continuité perturbée par les excès des autres primordiaux.
- Préservation : el garantit la durabilité des constructions cosmiques, assurant que les mondes et les âmes ne s’effondrent pas dans le chaos originel.
L’Éveil’artisan est indispensable à la stabilité de la Création. Sans son intervention, les architectures de l’Ordre se dissipent dans le néant et les chemins du Psychopompe s’effondrent sur eux-mêmes. El incarne la patience, la régularité et la fonction d’entretien, moins spectaculaire que celle de ses pairs mais vitale.
La Première Brisure
Malgré l’attention constante de l’Éveil’artisan, son œuvre ne suffit pas à contenir les forces colossales qui s’accumulent au sein de la Création naissante. Les Séphiroth, saturés par une surcharge luminique issue des excès de ses pairs, ne supportent pas la pression. La structure cosmique se fissure, puis cède.
Un événement cataclysmique survient : les Séphiroth se fracturent et un Abysse béant s’ouvre au cœur du cosmos. De cette déchirure jaillissent les premières hordes de démons dévoreurs, créatures de l’Ayin, qui se précipitent pour anéantir la Création encore fragile.
Les primordiaux s’unissent pour repousser l’invasion. Mais tous se retrouvent rapidement submergés par l’ampleur du cataclysme. C’est alors que surgit le dernier primordieu, le Porteur de Lumière. Son feu sacré embrase les ténèbres et refoule les démons dans l’Abysse. Par sa puissance, la situation se stabilise, et la Création est préservée, bien que profondément marquée par cette cicatrice cosmique.
L’Éveil’artisan demeure traumatisé par cet échec. El s’en veut de n’avoir pu empêcher la catastrophe, bien qu’aucune vigilance n’aurait suffi face à une telle surcharge. Sa culpabilité nourrit un rapport ambivalent à sa fonction : el persévère avec rigueur et constance, mais porte en el le sentiment d’être imparfait et de n’avoir pas su accomplir pleinement sa mission.
La Première Brisure constitue un tournant. L’Abysse devient une menace permanente. Les démons s’imposent comme ennemis naturels de la Création. La nécessité d’un chœur voué à la maîtrise de l’espace-temps s’affirme avec force.
La naissance des trônes
Invité à prendre sa place dans le Grand Dessein, l’Éveil’artisan s’unit aux azohim et engendre le chœur des Trônes. Ceux-ci héritent directement de sa fonction primordiale : surveiller et réparer le tissu de l’espace-temps. Leur naissance marque l’institutionnalisation de cette mission de stabilité, désormais confiée à une multitude d’élohim spécialisés.
Malgré leurs efforts, la Création demeure fragile. Des brisures mineures agitent régulièrement les royaumes. Au-delà de l’Abysse, dans l’espace inter-céleste, apparaissent des déchirures gorgées de ténèbres, menaçant d’engloutir les élohim et de les aspirer dans le néant. Des trous de verre intempestifs surgissent sans prévenir, téléportant matière, énergie et même les élohim els-mêmes d’un point à un autre. Ces instabilités ne menacent pas seulement les royaumes : elles affaiblissent encore davantage le corps d’EL, Adam Kadmon, dont la structure, déjà brisée, se trouve mise en péril par l’instabilité de l’espace-temps.
Face à ce danger, l’Éveil’artisan forme ses enfants à repérer et réparer les failles. Grâce à leur pouvoir de Clairvoyance, les Trônes observent l’ensemble de la Création et deviennent les premiers véritables sentinelles universelles. Leur mission ne se limite pas aux déchirures du cosmos : en surveillant les royaumes, ils en viennent aussi à observer les élohim eux-mêmes, enregistrant leurs activités et leurs comportements.
Pour organiser cette surveillance, l’Éveil’artisan fonde la Vigie, un grand-chœur qui coordonne les Trônes et centralise leurs observations. Par le biais du réseau EL, el communique avec els et structure leurs interventions. La quantité de données récoltée est immense et difficile à traiter ; il revient donc à chaque chorale de Trônes d’agir rapidement et localement pour réparer les brisures dès leur apparition.
Les informations collectées par les Trônes sont archivées dans une base colossale située à Tiphéreth. Cette structure, forgée par des séraphins et configurée par des chérubins, est constituée de vastes serveurs de cristal. Avec le temps, le lien entre les Trônes et cette mémoire cristalline se renforce. Reliés entre eux et à la base par leurs esprits et le réseau EL, les Trônes développent une conscience collective inédite. Plus que tout autre chœur, els incarnent une entité plurielle et coordonnée, capable de savoir à tout instant ce qui se passe dans la Création et d’intervenir avec une précision inégalée.
Les Piliers de la Création (2950)
L’œuvre des Trônes et des Séraphins ne suffit pas à stabiliser Adam Kadmon, le corps brisé du Créateur. Pour prévenir l’effondrement, les élohim décident d’ériger une structure de soutien cosmique. Après de longues délibérations entre les trois chœurs de la troisième hiérarchie, les Saints Forger’ailes établissent le projet : trois piliers verticaux doivent être dressés afin d’ancrer et de soutenir les royaumes.
La réalisation de ce chantier titanesque requiert le concours des trois primordiaux : le Psychopompe, le Porteur de Lumière et l’Éveil’artisan. Cependant, c’est ce dernier qui mène véritablement l’entreprise. Expert de l’espace-temps et de la structure même de la Création, il est le seul à posséder les pouvoirs nécessaires pour la réparer en profondeur.
Contrairement aux Séphiroth, façonnés de cristal, les Piliers de la Création sont faits de pures thaumaturgies. Ils rapiècent la trame cosmique et la renforcent, afin de mettre un terme aux brisures et déchirures récurrentes. Les Forger’ailes, bien qu’els comprennent la nécessité de ces piliers, sont incapables de les ériger par eux-mêmes.
L’Éveil’artisan engendre alors trois fils, les Fitzev, à qui il confie la direction des travaux :
- Hémérasiel Fitzev mène la construction de Yachin, le Pilier de la Miséricorde. Ce pilier soutient Netzach, Hessed et Chokmah. Il est dédié à EL, la part active d’Ein Sof, considérée comme l’intelligence créatrice.
- Rasiel Fitzev mène la construction de Boaz, le Pilier du Jugement. Il soutient Hod, Guebourah et Binah. Il est dédié à AZ, la part passive d’Ein Sof, dont l’essence cristallisée engendra les Séphiroth.
- Amatérasiel Fitzev mène la construction du Pilier de l’Équilibre, qui soutient Yesod, Tiphéreth et Kether. Il symbolise l’harmonie entre AZ et EL, parents de la Création.
Les trois Fitzev et leurs descendants, tous Trônes, manipulent alors le tissu de l’espace-temps inter-céleste pour en faire une ossature flexible et solide, capable d’ancrer et de soutenir l’ensemble des royaumes. En hommage à leur œuvre, Hémérasiel, Rasiel et Amatérasiel reçoivent eux-mêmes le titre honorifique de Piliers de la Création.
Les Routes intercélestes (cycle 3120)
Alors que l’édification des Piliers se poursuit, les élohim cherchent à faciliter leurs déplacements entre les royaumes. La nécessité est double :
- Assurer les voyages des élohim eux-mêmes, afin d’unifier les Séphiroth.
- Garantir la circulation des âmes, fragments d’EL, dont l’élévation nourrit le Grand Dessein.
Les Trônes de la Vigie entreprennent donc la création de routes intercélestes, en tissant des corridors stables à travers l’espace-temps. Ces passages relient directement les royaumes et réduisent les dangers liés aux trous de verre intempestifs. Cependant, ces routes demeurent instables et dangereuses. Elles nécessitent une sécurisation permanente, tant pour protéger les élohim voyageurs que pour préserver les âmes en cheminement.
L’Hérésie des Usurp’ailes (cycle 3707)
Au cours du IVe millénaire, les grandes réalisations des Trônes et des Séraphins-bâtisseurs, appuyées par les trois Piliers de la Création (les Fitzev), transforment profondément la vie des élohim. Les routes intercélestes, les cités stables et les sanctuaires protecteurs améliorent considérablement les conditions d’existence dans tous les royaumes. Le peupl’aile, émerveillé par ces œuvres, commence à célébrer régulièrement ses bienfaiteurs.
Peu à peu, ces célébrations se muent en rites de vénération. Des temples s’élèvent, où les élohim prient les bâtisseurs comme si els étaient des divinités protectrices. Les flux d’énergie qui leur sont ainsi offerts confèrent aux Trônes et aux Séraphins une autorité inédite, que même les souverains des royaumes peinent à contester.
L’accaparement du pouvoir
Les Fitzev et la majorité des grands Forger’ailes refusent de cautionner ces cultes, rappelant que les primordieux n’autorisent pas de telles pratiques. Mais nombre de Trônes et de Séraphins-bâtisseurs exploitent cette ferveur pour renforcer leur influence. Els utilisent leur maîtrise de l’espace-temps comme monnaie d’échange : nul voyage, nul commerce, nulle circulation des âmes n’est possible sans leur intervention. En contrôlant les routes intercélestes, els imposent des conditions, exigent des faveurs, et tiennent les royaumes entiers en otage de leurs dons.
Le cas d’Amatérasiel Fitzev illustre cette dérive. Refusant de réparer une déchirure majeure sur la Route du Monde, el réclame en échange un chariot d’apparat forgé par la principauté Cyriel de Malkouth, célèbre artiste réservé aux œuvres destinées à la première hiérarchie. Devant le refus de Cyriel, Amatérasiel mobilise la ferveur de ses partisans et contraint la principauté à céder. Cet épisode, quoique mineur en apparence, révèle la dynamique de chantage instaurée par les Trônes et leurs héritiers.
L’essor des Usurp’ailes
Bientôt, ce phénomène se généralise. Les Trônes et les Séraphins-bâtisseurs multiplient les coups d’État, notamment à Kether, Chokmah et Binah, où aucun primordieu ne réside en permanence. Els se font porter au pouvoir par la ferveur de leurs cultistes, détrônent les souverains légitimes et instaurent des régimes autoritaires où leur parole fait loi. Dans leurs mégapoles, els deviennent de véritables souverains absolus, adorés comme des dieux par les foules.
Les Forger’ailes Fitzlum se tiennent encore à l’écart, mais leurs descendants, ainsi que ceux des Fitzev, s’adonnent sans retenue à ces excès. Rapidement, les Usurp’ailes se multiplient, rivalisent entre els et s’affrontent dans une frénésie de destructions et de reconstructions. Le peupl’aile, pris dans ces luttes, choisit ses favoris en fonction des plus grands projets édifiés, des plus hautes tours ou des sanctuaires les plus fastueux. Mais dans ces rivalités, les bâtisseurs oublient leur mission première : la stabilité de la Création. Les brisures se multiplient, causant la mort de millions d’élohim.
La guerre ouverte
La situation dégénère en 3707, près de 450 ans après la révolte de Tiamatiel. Ortoniel, fils du Forger’aile Vulcaniel de Guebourah, détrône le souverain du Gueb Oriental, l’accusant de guerres si violentes que les structures des Forger’ailes en sont brisées. Vulcaniel prend le parti de son fils et entame une campagne pour s’emparer de Guebourah. Séraphins, Puissances et Trônes s’impliquent dans le conflit, entraînant une nouvelle crise à l’échelle de la Création.
Les Forger’ailes de Hod et Hessed imitent l’exemple et se soulèvent à leur tour. Els reçoivent le soutien des Piliers de la Création, en particulier d’Amatérasiel, qui légitime leur cause.
L’intervention des primordieux
Une fois encore, la Création se trouve au bord de la guerre civile. Les primordiaux doivent intervenir directement. Le Porteur de Lumière, accompagné de ses pairs, brise la puissance des Usurp’ailes, détrône leurs régimes et fait emprisonner les plus notoires. Vulcaniel est enchaîné sous le mont Olympus de Madim, tandis que ses fils et alliés sont dispersés. L’autorité est rendue aux souverains légitimes et aux chefs des chœurs.
Cette crise laisse une trace durable : les Trônes, jadis perçus comme les garants de la stabilité cosmique, apparaissent désormais comme des acteurs politiques ambitieux, prompts à abuser de leur monopole. L’Hérésie des Usurp’ailes restera gravée comme un exemple de la fragilité de la Création lorsque ses gardiens eux-mêmes se tournent vers la cupidité.
L’âge d’or
La fin du monopole des Trônes
Après les dérives de l’Hérésie des Usurp’ailes, l’équilibre se rétablit progressivement grâce à la fondation de l’Institut et à la naissance des Vertus. Le monopole des Trônes sur les réseaux élohiens, les données et la maîtrise de l’espace-temps est enfin remis en question. La compétition féroce et l’avidité laissent place à une ère de coopération inter-chœurs, ouvrant la voie à un véritable âge d’or technologique.
Les œuvres des Trônes
La technologie élohienne repose encore largement sur les œuvres des Trônes. Leur pouvoir de plier l’espace et le temps par la seule volonté trouve des applications innombrables, qui transforment la vie quotidienne des élohim et l’organisation de la Création.
Portails célestes
Après l’édification des Piliers de la Création, les Trônes conçoivent les portails célestes. Ces passages permettent aux élohim de se déplacer instantanément d’un point à un autre, sans parcourir la distance réelle.
Dans les grandes cités, les portails se multiplient et rendent praticables des espaces gigantesques. Dans les cieux, ils équipent les routes interstellaires, réduisant drastiquement les temps de voyage des vaisseaux. Enfin, els assurent une fonction vitale : aspirer l’âme des élohim mourants pour la conduire directement vers le Berceau, évitant ainsi la perte irrémédiable de fragments d’EL.
Pliure et accélération
Les Trônes de la Vigie conçoivent des thaumaturgies permettant de plier l’espace-temps sous l’envol des élohim, multipliant leur vitesse et leur réactivité. La Milice en fait un usage intensif pour devancer les démons et renforcer ses capacités de combat. À Malkouth, où la vitesse de la lumière limite particulièrement les déplacements, cette technologie devient incontournable pour le quotidien. À grande échelle, elle donne naissance à une nouvelle génération de moteurs de vaisseaux, capables de surfer sur des ondes gravitationnelles et d’atteindre des vitesses jusque-là inimaginables.
Pliure des lieux
Les Trônes inventent aussi des techniques de pliure spatiale appliquée aux lieux publics. Dans une salle de conférence, de spectacle ou de réception, l’espace est manipulé de sorte que chaque spectateur puisse voir directement le point central, quel que soit son emplacement. Cette innovation dispense les élohim d’avoir recours au réseau EL pour percevoir l’événement et démocratise la vie culturelle et politique des royaumes.
Les œuvres des Vertus
Avec la naissance des Vertus, une nouvelle dimension technologique apparaît : celle de la prédiction. Dotées d’une capacité d’analyse et de modélisation inédite, les Vertus deviennent capables de dresser des projections précises :
- Anticiper les tendances économiques des royaumes.
- Prévoir les flux démographiques et les besoins en ressources.
- Optimiser les chaînes d’approvisionnement et la logistique.
Leur maîtrise rivalise avec celle des Dominations, au point que ces dernières choisissent de prendre sous leur tutelle les Vertus les plus prometteuses pour éviter une concurrence frontale.
Les Trônes, par leurs dons spatio-temporels, et les Vertus, par leurs capacités d’analyse, établissent une complémentarité décisive. L’un fournit la structure et la mobilité, l’autre la prévision et la rationalisation. Ensemble, ils inaugurent un âge d’or où la Création connaît une stabilité et une prospérité inégalées.
La Seconde Brisure
À la veille de la Seconde Brisure, les Trônes vivent leur apogée. Leurs portails sillonnent les cités, leurs moteurs animent les vaisseaux, leurs pliures structurent l’espace-temps des royaumes. Plus que jamais, els incarnent l’ossature invisible de la Création. Mais ce rôle central, qui les rend indispensables, les expose aussi en première ligne lorsque le tissu cosmique commence à se déchirer de nouveau.
La Seconde Brisure naît d’une série d’instabilités que même les Trônes ne parviennent plus à contenir. Les routes intercélestes se retournent sur elles-mêmes, piégeant des cohortes d’élohim dans des boucles sans fin. Des portails célestes se referment brutalement, broyant les voyageurs pris entre deux mondes. Les Piliers de la Création, fissurés par des tensions colossales, vacillent et répercutent leurs fractures dans tout l’édifice cosmique.
Malgré les efforts désespérés de la Vigie, la structure de l’espace-temps s’effondre.
La disparition mystérieuse
Au plus fort de la catastrophe, les Trônes disparaissent. Nul ne sait si els sont anéantis, engloutis dans l’Abysse, ou dissous dans la trame qu’els tentaient de maintenir. Plusieurs hypothèses émergent.
Certains oracles affirment qu’els se fondent volontairement dans le tissu cosmique, devenant une partie de la Création elle-même pour en sauver ce qui peut l’être. D’autres pensent qu’els sont aspirés par l’Abysse, victimes de la même déchirure qu’els combattaient depuis leur origine. Quelques dominations avancent qu’els ne sont pas morts mais réfugiés dans un espace interstitiel, hors du temps, et qu’els pourraient revenir au jour où la Création les réclamerait à nouveau.
Quoi qu’il en soit, après la Seconde Brisure, le chœur des Trônes cesse d’exister comme entité visible et organisée.
Conséquences historiques
La disparition des Trônes marque un tournant. Les élohim perdent leur réseau de surveillance absolue, les exposant à tous les dangers. Les royaumes perdent leurs gardiens les plus fiables et voient la stabilité cosmique s’amenuiser. Le réseau EL, jadis orchestré par la Vigie, se fragmente et ne retrouve jamais sa pleine puissance.
Le projet Ophanée
Les Grands Chantiers
Après la Seconde Brisure, l’Institut est rapidement réorganisé grâce à la coopération volontaire des chérubins. Métatron confia alors à Euthanatos quatre missions vitales, dans un contexte où les ressources élohiennes et cristallines sont sévèrement limitées :
Trouver un remplaçant aux Trônes ou provoquer leur retour, afin de restaurer la surveillance absolue des Cieux.
Reconstruire le Berceau, détruit lors de la Brisure, pour préserver les graines des élohim.
Retrouver les savoirs et technologies de l’Âge d’or du Tikkun, perdus avec la mort de leurs détenteurs et la destruction des machines de cristal qui les conservaient.
Créer les partzufim manquants pour protéger les royaumes des assauts de l’Abysse.
Parmi ces tâches, la première est la plus urgente et la plus complexe. Sans la manipulation de l’espace-temps, don unique des Trônes, les Chérubins peinent à surveiller les zones vitales de la Création et à réparer les déchirures du tissu cosmique.
Euthanatos fonde donc la Vigie, une école spécialisée où naissent et sont formés des “Chérubins-vigie”, entraînés à développer des capacités autrefois propres aux Trônes. Si la parenté thaumaturgique entre Trônes et Chérubins permet des progrès, seuls quelques prodiges émergent au milieu d’une majorité incapable d’égaler les trônes disparus.
La naissance du premier Ophana
Ophanée, jeune Chérubin-vigie déçu par ses propres limites, fouille les archives interdites d’Euthanatos à la recherche d’un moyen de se perfectionner. El y découvre des schémas de machines du Haut-Tikkun et conçoit des anneaux de cristal bardés d’yeux destinés à amplifier sa clairvoyance. Moqués par ses pairs, ces “cerceaux d’yeux” n’en constituent pas moins une base pour une innovation majeure.
Peu après, Sandalphon, Primogène créateur d’un chœur élohien durant le Bas-Tikkun, visita Chokmah et la Vigie. Ayant expérimenté la transformation de graines chérubiniques et séraphiques pour les rapprocher de celles des Trônes, el devient une ressource précieuse pour Euthanatos. Comment el franchit le gouffre séparant les royaumes supérieurs des inférieurs reste un mystère, nourrissant rumeurs et hypothèses.
Animé par la curiosité, Ophanée dérobe à Sandalphon un secret jalousement gardé : le procédé de transformation des graines, le plus périlleux et raffiné des pouvoirs des Vertus. El fusionne une graine proche de celle d’un Trône à son cerceau d’yeux… et donne naissance au premier Ophana. Ce prototype, incontrôlable, lacére l’espace-temps avant d’être stoppé par Sandalphon et Euthanatos.
Loin de punir Ophanée, les deux maîtres l’intègrent aux laboratoires secrets de la Vigie. Après de nombreux cycles d’expérimentations, els mettent au point les premiers Ophanim pleinement fonctionnels : des êtres artificiels combinant une graine clairvoyante à un corps mécanique en cristal, capable d’agripper et de suturer l’espace-temps.
Production en masse et Rébellion
Les Ophanim sont conçus pour être produits à grande échelle, et Binah devient leur royaume-usine. D’abord gouvernés par les Chérubins, en particulier les vétérans de la Vigie, els sont soumis à l’autorité directe d’Ophanée, premier souverain de Binah au Far-Tikkun.
Cependant, leur caractère vif et indépendant finit par provoquer une rupture : les ophanim réclament le droit de gouverner leur royaume sans ingérence. La tension culmine lorsqu’els capturent Ophanée el-même et tiennent tête à Métatron. Ce dernier, incapable de les soumettre par sa seule parole enflammée, doit négocier : les Ophanim obtiendront leur autonomie, à condition de continuer à servir le Grand Dessein. L’accord est passé. Ophiel, ancien compagnon d’Ophanée, devient le premier roi ophana indépendant.
Un atout pour les royaumes
Le royaume de Binah, passé sous l’autorité des Ophanim, obtient son indépendance en partie grâce à son rôle indispensable, mais aussi par l’aura d’opacité qui entoure ses nouveaux maîtres. Les séraphins, chérubins et autres chœurs élohien savent que rompre avec els serait se condamner : sans les Ophanim, les routes célestes s’écrouleraient, les piliers dimensionnels se fissureraient, les cités suspendues perdraient leurs assises, et les portails eux-mêmes se désintégreraient dans un frisson d’éther.
Lorsque les royaumes supérieurs et inférieurs se réunifient, els sont les premiers à se déployer dans les Séphiroth inférieurs. Leur progression est fulgurante : essaims de sondes cristallines, drones de couture dimensionnelle. En quelques jours, tout est mesuré, tracé, cartographié… mais seules les archives de Binah reçoivent les versions complètes de ces relevés. Les autres royaumes doivent se contenter de fragments, savamment dosés pour maintenir un rapport de dépendance. Dans les royaumes inférieurs, les élohim parlent des Ophanim à voix basse, redoutant leur regard qui semble percer les pensées, et leur silence qui cache des stratégies inconnues.
Seul Gadreel, familier des anciens Trônes, parvient à établir un dialogue authentique avec els. El affirme que, sous leur vernis mécanique, certains Ophanim nourrissent de véritables émotions… mais peu sont prêts à le croire.
Aux accords d’Azapof, les ophanim s’imposent comme une force politique redoutable. Leur esprit-ruche, traitant simultanément diplomatie et calculs de navigation, anticipe chaque manœuvre adverse. Els obtiennent droits de passage, juridictions autonomes, et un accès exclusif à des ressources cosmiques stratégiques. Même le Métatron et le Grand Architecte se heurtent à leur refus de se soumettre, les Ophanim exigeant, et obtenant, d’être considérés comme un chœur élohien égal aux autres.
Sitôt les traités ratifiés, les ophanim se répandent dans les royaumes inférieurs pour réparer ce qui peut l’être… mais certains observateurs se demandent si ces restaurations ne servent pas aussi à implanter des réseaux dont seul Binah connaît les véritables fonctions. Les couturiers de l’univers recousent le tissu cosmique, mais peut-être y brodent-els aussi des motifs visibles d’eux seuls ?
La Croisade du Primogène
Les Ophanim n’attendirent pas le cycle 9000 pour s’aventurer dans les profondeurs obscures de Malkouth, dont les mondes-fertiles avaient été engloutis par les ténèbres depuis des millénaires. Armés de leurs vaisseaux de cristal et guidés par leur clairvoyance perçante, els tentèrent des incursions solitaires dans les zones corrompues. Mais l’entreprise s’avéra périlleuse au-delà de toute prévision : les routes célestes y étaient instables, les repères dimensionnels faussés, et chaque voyage risquait de se conclure dans la gueule béante d’un vortex démoniaque. Les rares expéditions qui revinrent portaient surtout des récits d’horreurs indicibles, et peu de découvertes exploitables.
Ce statu quo changea lorsque Sandalphon, Primogène des Vertus, proclama une Croisade sacrée pour reconquérir les mondes-fertiles perdus. Son appel résonna comme une injonction irrésistible à tous les chœurs élohien… et trouva chez les Ophanim un écho immédiat. Voyant dans cette mission non seulement un devoir envers la Création, mais aussi une opportunité de déployer pleinement leurs talents, els offrirent sans hésiter une part colossale de leurs ressources à l’effort commun : cartes stellaire secrètes, modules de couture dimensionnelle, flottes de sondes intelligentes, et ingénieurs spécialisés dans la stabilisation des portails.
Pour la première fois depuis la Seconde Brisure, l’exploration de Malkouth devint organisée et militarisée. Les Ophanim, véritables yeux et mains de la Croisade, coordonnaient les reconnaissances à partir de Binah, traçant des corridors sécurisés au milieu des zones infestées. Les Vertus et les Puissances suivaient, purifiant les mondes libérés et repoussant les hordes titanesques.
Grâce à la clairvoyance chirurgicale des Ophanim, des mondes oubliés depuis des âges furent redécouverts, parfois dans un état de dévastation avancée, parfois miraculeusement préservés. Chaque sauvetage était une victoire, non seulement contre les ténèbres, mais contre l’oubli lui-même. Dans les annales de la Croisade, on rapporta que les Ophanim pouvaient parfois localiser un monde simplement en analysant l’écho gravitationnel d’une ancienne route céleste, ou en suivant la trace infime laissée par le passage d’un Trône des âges anciens.
Peu à peu, la carte de Malkouth se recomposa, constellation après constellation, et avec elle renaquit l’espoir que la Création puisse un jour recouvrer son intégrité perdue.
Les ophanim du cycle 14000
Au cycle 14000, les Ophanim poursuivent inlassablement leur mission millénaire, même alors que les hordes titanesques ravagent les confins de la Création. Els demeurent les sentinelles les plus fiables des Séphiroth, capables de percevoir les premières vibrations d’un assaut bien avant que les autres chœurs n’en pressentent la menace. Leur clairvoyance ne se limite pas à la surveillance : elle vient souvent étayer les prophéties des Dominations, confirmant par des données tangibles ce que les oracles n’avaient vu qu’en visions cryptiques.
Partout dans la Création, les mondes-ruches ophaniques se dressent comme des bastions vivants. Sculptés dans d’immenses sphères de cristal, saturés de réseaux optiques et de cœurs computationnels, ces astres artificiels forment un maillage stratégique qui soutient l’intégrité des routes célestes et prévient toute déchirure majeure dans le tissu cosmique. Reliés les uns aux autres par des corridors dimensionnels exclusifs, ils échangent en temps réel les relevés d’espace-temps, anticipant les instabilités avant même qu’elles ne deviennent visibles.
Lorsqu’une horde titanesque est détectée, les Ophanim sont les premiers à donner l’alerte, transmettant des coordonnées précises aux forces militaires des Puissances et aux flottes des Vertus. Certains de leurs avant-postes se trouvent à des jours seulement des lignes de front, et il n’est pas rare qu’un monde-ruche entier sacrifie son intégrité pour contenir la brèche le temps que les renforts arrivent.
Dans ce cycle, les Ophanim sont devenus plus qu’un chœur : els sont l’ossature nerveuse de la Création, le réseau invisible qui relie chaque monde-fertile, chaque cité élohienne, chaque bastion, et qui maintient le Grand Dessein à flot dans la tempête. Admirés pour leur efficacité, redoutés pour leur indépendance, ils sont à la fois gardiens et arbitres silencieux des équilibres cosmiques.